Roland Buraud, Michel Houssin
BaltHazaR
Dona Levy
expose
"Humains trop humains"
Roland BURAUD
Peinture
Michel HOUSSIN
Dessin
Des corps flottent dans un espace inconnu, dans cet espace intermédiaire pressenti par tant de civilisations, entre mort et au-delà. Des âmes errantes, souvent apaisées, parfois en colère ou agitées, aux tracés reflétant en concentré ce que fut la vie des corps.
Une dominante noire sous laquelle perce l'or
Entre l'être et le néant, il y a la peinture de Roland Buraud
Entre l'Orient et l'Occident. Entre la vie et la mort
J'ai pensé un instant vous livrer une page blanche: les mots semblent tous galvaudés et dire que c'est génial ne voudrait rien dire. Ne suffirait pas. Il a eu la mauvaise idée de nous quitter il y a seulement quelques semaines. Allions nous baisser les bras ? Lorsqu'on est en présence d'une telle œuvre, il faut le dire, le crier sur les toits, c'est dur, c'est puissant, c'est profond, c'est de la grande peinture. Stupides sont les mots tant usés, mais si j'ose, c'est parce que devant les tableaux de Buraud, on ne peut que se taire. Et comment, alors se fera la transmission ? Faudra t-il attendre des années pour que le bouche à oreille fonctionne ? Non, certes non, ses élèves sont là pour en témoigner. Ca ira vite, très vite, ça ne peut échapper, une œuvre comme celle-là est trop
indispensable, trop fondamentale.
Oui, je sais, ces scènes d'apocalypse, ces écorchés, sont bouleversants, un miroir insoutenable. Mais nul n'a su mieux que Buraud, unique enfant de Rembrandt, peindre la tragi-comédie de la vie.
Michel Houssin, son ami de longue date, vient nous redonner la respiration, nous qui avions le souffle coupé. Ses foules ne sont pas la masse compacte que l'on perçoit lors d'une manifestation, mais une multitude d'individus, de personnalités marquées, souriantes souvent, au regard acéré, à l'expression privée, unique. Ce grand dessinateur, outre ses foules majestueuses, capte les nuages, perce les mystères de l'unité du cheveu dans la chevelure et, jouant des ombres et des lumières nous donne à voir le vent et à entendre le silence. Il faut plus que des yeux, plus qu'une main habile, il faut être au dedans des choses et des gens. Michel Houssin, orfèvre de la mine de plomb, maître naturaliste, est aussi un poète dont l'œil discret et généreux sur nous autres humains nous rassure et nous fait du bien
Il fallait que ces deux amis se rejoignent, cohabitent en un même espace pour que se prenne la mesure de leur profondeur commune. Roland Buraud, Maître en peinture, Michel Houssin, Maître en dessin – Quelque part ces humains trop humains retrouvent leur marque conjointe dans ce village du fin fond des Maures.
D.L.
courriel : dona.levy@wanadoo.fr