Gérard CHARLIN
Si la surface n’était que blanche, ce serait déjà de la peinture. Jouant de l’huile dans sa densité, jouant du mat et du satin, de griffes et de glisses, toute une vie se structure dans la toile de Charlin. Un voile la couvre, comme pour dissimuler un secret à ne divulguer qu'à ceux qui cherchent. Un voile pudique qui veut cacher tant de force, comme pour s'en excuser..
Et en dessous, et parfois au dessus tant cette force éclate, une danse folle de la pierre noire sur la toile, danse d'aujourd'hui et de demain, courant, fondant, s'effaçant, caresses de lumière et de vagues dans un univers en expansion...
Puis, par quelques gestes vifs et précis, Charlin déchire le voile. Le déchirement d’un voile n’est pas un déchirement. C’est une joie lorsqu’il révèle la substance véritable jusqu’alors dérobée aux regards.
Comment ne pas voir alors la faille d’une terre qui tremble, la fracture ouverte laissant entrevoir la chair à vif ... L’esprit est happé vers des profondeurs énigmatiques,
les sens engloutis dans des paysages intérieurs. Fissure d’un mur, bris de glace dans la transparence des glacis, le peintre
fend la toile d’un coup de couleurs intenses et nous fraie un passage au cœur du tableau.
Traces ondulantes et vibrantes d’une courbe, l’artiste nous embarque vers sa plage silencieuse et ensoleillée, tour à tour grave et heureuse. C’est le cadeau de l’homme à la femme, c’est le nu abstrait, ode au corps admirable, chant de l’émerveillement.
Et sur ses dernières toiles, par la magie de quelques rouges déclinés du brun au rose pâle, c’est l l’Extrême Orient tout entier qui nous apparaît, nous fait signe et s’impose, ce bout du monde ou Charlin a vécu et qu’il sait si bien nous restituer.
Gérard Charlin est né en 1943 à Paris. Double parcours aux Beaux-Arts (architecture) et aux Arts Déco.,Il collabore au Zurichorn de Le Corbusier dans les années 60, expose régulièrement depuis 1977 (Florence, Paris, Tokyo... ) et est présent dans de nombreuses collections publiques et privées.
pour tout renseignement