André-Pierre ARNAL
BaltHazaR
Dona Levy
expose
à fleur de peau
Espace toujours présent, ouvert, sidéral, Temps signifié par le choix des supports, ardoises d’écoliers ou se dessinent les rêves de l’enfance, collages de fins papiers de soie, découpes de peinture, à fleur de peau, de cette fine pelure dont la peinture se recouvre lorsqu'elle sèche, couleurs vives, André-Pierre Arnal prépare ses "Météorites" dont il dit qu'ils sont des "ensembles composés de vides, de manques, de non-dits". Ses toiles sont des villes vues d'une autre galaxie, ou bien ce sont les traces laissées par le temps sur les vieux murs de nos cités. Souvent les fragments découpés sont obliques comme le sont les rais du soleil au travers des persiennes, comme l’est aussi l’écriture penchée de ses "leporellos", opuscules en accordéon où poèmes manuscrits et œuvres picturales se répondent en miroir, livres uniques, œuvres d’art et de réflexion.
Il déchire, il arrache, il froisse, puis recompose un univers nouveau, toujours harmonieux, se servant de vieilles cartes pliées et dépliées cent fois, lambeaux de paysages, débris d’un vieux monde qu'il ré assemble, réinventant en un ordre choisi une autre nature, une quatrième dimension, celle de l’esprit sans doute, divaguant dans les sphères chaotiques de l'imagination... Quel malicieux plaisir a-t-il de bouleverser cette géo-graphie ?
N'y a t'il pas justement urgence à la refaire ?
Retour du Japon
André-Pierre Arnal est de ceux qui ont décloué la peinture du châssis omniprésent jusqu'alors, supports étranges, surfaces nouvelles, hors-cadre, "Support-Surface" dont les camarades de jeux étaient Viallat, Bioulès, Pincemin, Dezeuze, Pagès... Sa démarche actuelle ne trahit pas celle des années 70. Arnal est un inventeur de formes poétiques magnifiques, éclatantes de couleurs et d'équilibre.
D. L.
" ... sensations incertaines entre l'absence et la présence dans la dérive des rêves ..."
(Henri Michaux in "la vie dans les plis")
"André-Pierre Arnal, Continent intime" ed actes sud
André-Pierre Arnal est né en 1939 à Nîmes,
Les 13 et 14 septembre pendant les Journées du Patrimoine, seront inaugurés les vitraux de l'Eglise romane de St Raphaël, exécutés d'après ses projets par les maîtres verriers Duchemin (Paris)
Nombre de ses pièces ont été acquises par les musées et collections publiques et privées en France et à l'étranger, et son œuvre a été maintes fois saluée par de nombreux poètes et écrivains (Bernard Noël, Tahar Ben Jelloun ...).
(Cliquez sur chaque photo pour l'agrandir)
Le geste se retourne sur soi, il répète un morceau de monde, une carte que l’on voudrait plier et déplier à l’infini pour en explorer tous les possibles, Klee déjà inaugurait ce chemin de couleurs quadrillé comme des labyrinthes ouverts aux embarcations, aux villages dromadaires, aux voûtes florentines, aux maisons basse et lointaines des villages du Sud… André- Pierre Arnal ne cherche plus à évoquer le pliage, il l’exécute sans se soucier ou plus exactement avec le souci de s’en remettre au hasard, « qui de toute façon ne fera pas plus mal les choses ». S’il est un art d’apprivoiser ou de dompter le hasard, l'oeuvre d'André-Pierre Arnal en est l'illustration. "Certains peintres disent tout dans une seule toile (leur palette, leur poétique, leur dessin, leur thématique). Chacune de mes peintures, au contraire, n'est qu'un morceau d'un grand ensemble qui se développe dans le temps et dans l'espace."
tels sont les mots de ce chercheur qui arpente les surfaces, essayant de leur faire dire tout ce qu'elles ont à nous dire.
Les couleurs, une fois arrachées à leur premier support sont déposées et disposées sur la toile, ramassées, combinées. Quelque chose se compose ou se recompose, se reforme là proche d’une poésie visuelle. Le pliage combine des figures qui s’ajointent, installant une dynamique comme la marche d’un langage débarrassé de toute nécessité. Ces veines entre et sur les couleurs juxtaposées, des paroles de terre ou de ciel ? Une cartographie aléatoire pour une aventure universelle : galeries après galeries, des éboulis, des semences, des arêtes de bois, chemins de croix, montants et descendants, vallées et hauts plateaux de verdures ou d’ardoise, ses couleurs déportées-reportées arrosent des plaines fertiles et fécondes en de nouveaux labours. Un arrachement ? S’il en est. S’il en naît depuis les cartes routières, les coupures imprimées qu’il découpe et sur lesquelles il fait couler ses pigments nous offre un monde incroyablement tactile : promesse d’un nouveau langage ou retour à un très vieux langage ?