Veronique MOTTE
Quelques silhouettes éparses comme des sentinelles dans un jardin, femmes et hommes massifs, jouant d’absence et de présence : Absence comme des êtres qui, au profond d’eux-mêmes, sont tant habités qu’ils nous oublient ; présence par leur puissance physique inégalable, statures surhumaines, protectrices et inquiétantes, humbles et colossales, femmes et hommes du quotidien, bâtisseurs de leur propre forme, ancrés dans un réel rugueux.
Ces personnages, Véronique Motte les extirpe de la glaise, parvenant à obtenir cet impossible équilibre qui donne à ces sculptures une impression de solidité indestructible. Jamais à l’échelle humaine, on ne copie pas Dieu, elles peuvent être petites aussi, mais la même force les anime. Motte en fait des Sumos au combat ou des Gardiens de la Joie. Minuscules, ce sont des hétaïres qui, à peine sorties de la marne s’affalent sur la plage. Lorsqu’elles sont en terre, Véronique les habille parfois de légers voiles de kaolin, ou bien les laisse ainsi, brutes dans leur nudité désarmante. Lorsqu’elles sont en bronze, les patines leur donne les couleurs du temps qui passe sans plus les blesser. Car blessées, elles le sont, non dans leurs corps inattaquables, mais par leurs corps infranchis et toujours inutile, et toujours solitaire. Et lorsqu’elles sont sereines et lisses, telle la belle Italienne, toute la sensualité s’exhale en une volute au parfum de douceur tendre. Véronique Motte la Flamande a transporté dans le Midi son savoir–faire, sa fantaisie, ses personnages, et son immense talent. Sachons l’accueillir et lui rendre l’hommage qui lui est dû.
petite terre cuite
La belle italienne, bronze